PHARMANEWS
La lettre hebdomadaire de pharmacie.ma
N°333 10 juillet 2015
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[ ÉDITORIAL ]
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Y a t-il plus frustrant et plus injuste pour un Homme que de se savoir atteint d’une maladie incurable ? La réponse est affirmative : c’est avoir une maladie curable et de ne pas pouvoir se procurer le remède.

Le prix de Sovaldi®, l’antiviral de Gilead, qui guérit 90% des patients atteints d’hépatite C, pose plus qu’un problème économique pour les patients et les caisses d’assurance maladie. En effet, il pose un problème éthique et moral. Car, si comme toute entreprise, les firmes pharmaceutiques ont le droit de faire des bénéfices, il n’en demeure pas moins, qu’il y a des limites au delà desquelles on bascule dans l’indécence. D’autant plus que le médicament n’est pas une marchandise comme les autres et qu’il en va de la santé et de la vie des gens.
En France, Sovaldi® coûte environ 7000 dirhams le comprimé, et 616 000 dirhams la cure de trois mois*. Le prix de la cure est respectivement de 49 000 euros et de 45 000 euros en Allemagne et au Royaume-Uni. Et, aux Etats-Unis, le coût est encore plus élevé : 67 000 euros.
Pour essayer de comprendre les raisons de ce prix échappant à toute justification cartésienne, on est tenté de l’imputer à son coût de fabrication. Mais une équipe de chercheurs d'Oxford s'est penchée sur la question et a estimé que le coût de production du Sovaldi® s'élève à 74 euros pour trois mois de traitement. Autrement dit, le prix demandé par le labo est 756 fois plus élevé que le coût réel de fabrication !
On ne peut pas attribuer ce prix au coût de la recherche, non plus, puisque c'est la recherche publique, menée notamment par l'Agence Nationale de Recherche Scientifique (ANRS) sur le virus de l'hépatite C qui a largement contribué à la mise au point de ces nouvelles molécules.
Le laboratoire Gilead, lui, justifie cet écart astronomique en invoquant le coût du rachat de la molécule à la start-up qui l'avait fabriqué, au prix de11 milliards de dollars.
Face aux critiques unanimes, et dans un semblant « d'élan de solidarité », Gilead a signé un contrat avec cinq unités industrielles indiennes pour la production d’un générique destiné aux pays à revenu modéré. Malheureusement, le Maroc a été écarté de la liste des pays bénéficiaires, car il a été considéré comme ayant un niveau économique relativement confortable. Pourtant, en termes de PIB, il est classé par le FMI à la 57e place tandis que l’Egypte qui a bénéficié de cette opportunité, occupe la 27e position ! Cette initiative a eu pour conséquence la réduction du coût du traitement de 12 semaines en Inde et en Egypte à environ 700 euros.
Si rien n’est fait pour lutter contre de telles aberrations, demain on pourra disposer de traitements contre des maladies graves tels que le cancer et la maladie d’Alzheimer, mais la majorité des patients ne pourra pas en bénéficier. Ces produits seront inaccessibles à cause de leurs prix et seront ainsi réservés aux seuls nantis.
Pour éviter un tel scenario qui se profile de plus en plus à l’horizon, les états doivent exiger un juste prix auprès des laboratoires et doivent jouer leur rôle de régulateur auprès des industriels afin de faire baisser les prix et de garantir l’accès à ces nouvelles molécules pour les personnes malades. Ils doivent aussi créer des centrales d’achats interétatiques de manière à engager un bras de fer avec les firmes pharmaceutiques concernées.
Enfin, et au delà de l’éthique et de la morale, Sovaldi® soulève un questionnement sur le sens même qu’on veut donner au progrès. Aristote a dit : « le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous », et 2350 années plus tard, on est bien obligé d’admettre que ce n’est toujours pas le cas, et que les fruits du progrès demeurent aujourd’hui l’apanage d’une poignée de privilégiés.
Pour espérer un progrès plus juste et accessible à tous, nous devons mettre l’homme au devant de toutes nos préoccupations et actions, car chaque société a le progrès qu’elle mérite.
M. ZITOUNI IMOUNACHEN

Revue de presse par
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Y a t-il plus frustrant et plus injuste pour un Homme que de se savoir atteint d’une maladie incurable ? La réponse est affirmative : c’est avoir une maladie curable et de ne pas pouvoir se procurer le remède.

Le prix de Sovaldi®, l’antiviral de Gilead, qui guérit 90% des patients atteints d’hépatite C, pose plus qu’un problème économique pour les patients et les caisses d’assurance maladie. En effet, il pose un problème éthique et moral. Car, si comme toute entreprise, les firmes pharmaceutiques ont le droit de faire des bénéfices, il n’en demeure pas moins, qu’il y a des limites au delà desquelles on bascule dans l’indécence. D’autant plus que le médicament n’est pas une marchandise comme les autres et qu’il en va de la santé et de la vie des gens.
En France, Sovaldi® coûte environ 7000 dirhams le comprimé, et 616 000 dirhams la cure de trois mois*. Le prix de la cure est respectivement de 49 000 euros et de 45 000 euros en Allemagne et au Royaume-Uni. Et, aux Etats-Unis, le coût est encore plus élevé : 67 000 euros.
Pour essayer de comprendre les raisons de ce prix échappant à toute justification cartésienne, on est tenté de l’imputer à son coût de fabrication. Mais une équipe de chercheurs d'Oxford s'est penchée sur la question et a estimé que le coût de production du Sovaldi® s'élève à 74 euros pour trois mois de traitement. Autrement dit, le prix demandé par le labo est 756 fois plus élevé que le coût réel de fabrication !
On ne peut pas attribuer ce prix au coût de la recherche, non plus, puisque c'est la recherche publique, menée notamment par l'Agence Nationale de Recherche Scientifique (ANRS) sur le virus de l'hépatite C qui a largement contribué à la mise au point de ces nouvelles molécules.
Le laboratoire Gilead, lui, justifie cet écart astronomique en invoquant le coût du rachat de la molécule à la start-up qui l'avait fabriqué, au prix de11 milliards de dollars.
Face aux critiques unanimes, et dans un semblant « d'élan de solidarité », Gilead a signé un contrat avec cinq unités industrielles indiennes pour la production d’un générique destiné aux pays à revenu modéré. Malheureusement, le Maroc a été écarté de la liste des pays bénéficiaires, car il a été considéré comme ayant un niveau économique relativement confortable. Pourtant, en termes de PIB, il est classé par le FMI à la 57e place tandis que l’Egypte qui a bénéficié de cette opportunité, occupe la 27e position ! Cette initiative a eu pour conséquence la réduction du coût du traitement de 12 semaines en Inde et en Egypte à environ 700 euros.
Si rien n’est fait pour lutter contre de telles aberrations, demain on pourra disposer de traitements contre des maladies graves tels que le cancer et la maladie d’Alzheimer, mais la majorité des patients ne pourra pas en bénéficier. Ces produits seront inaccessibles à cause de leurs prix et seront ainsi réservés aux seuls nantis.
Pour éviter un tel scenario qui se profile de plus en plus à l’horizon, les états doivent exiger un juste prix auprès des laboratoires et doivent jouer leur rôle de régulateur auprès des industriels afin de faire baisser les prix et de garantir l’accès à ces nouvelles molécules pour les personnes malades. Ils doivent aussi créer des centrales d’achats interétatiques de manière à engager un bras de fer avec les firmes pharmaceutiques concernées.
Enfin, et au delà de l’éthique et de la morale, Sovaldi® soulève un questionnement sur le sens même qu’on veut donner au progrès. Aristote a dit : « le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous », et 2350 années plus tard, on est bien obligé d’admettre que ce n’est toujours pas le cas, et que les fruits du progrès demeurent aujourd’hui l’apanage d’une poignée de privilégiés.
Pour espérer un progrès plus juste et accessible à tous, nous devons mettre l’homme au devant de toutes nos préoccupations et actions, car chaque société a le progrès qu’elle mérite.
M. ZITOUNI IMOUNACHEN

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Y a t-il plus frustrant et plus injuste pour un Homme que de se savoir atteint d’une maladie incurable ? La réponse est affirmative : c’est avoir une maladie curable et de ne pas pouvoir se procurer le remède.

Le prix de Sovaldi®, l’antiviral de Gilead, qui guérit 90% des patients atteints d’hépatite C, pose plus qu’un problème économique pour les patients et les caisses d’assurance maladie. En effet, il pose un problème éthique et moral. Car, si comme toute entreprise, les firmes pharmaceutiques ont le droit de faire des bénéfices, il n’en demeure pas moins, qu’il y a des limites au delà desquelles on bascule dans l’indécence. D’autant plus que le médicament n’est pas une marchandise comme les autres et qu’il en va de la santé et de la vie des gens.
En France, Sovaldi® coûte environ 7000 dirhams le comprimé, et 616 000 dirhams la cure de trois mois*. Le prix de la cure est respectivement de 49 000 euros et de 45 000 euros en Allemagne et au Royaume-Uni. Et, aux Etats-Unis, le coût est encore plus élevé : 67 000 euros.
Pour essayer de comprendre les raisons de ce prix échappant à toute justification cartésienne, on est tenté de l’imputer à son coût de fabrication. Mais une équipe de chercheurs d'Oxford s'est penchée sur la question et a estimé que le coût de production du Sovaldi® s'élève à 74 euros pour trois mois de traitement. Autrement dit, le prix demandé par le labo est 756 fois plus élevé que le coût réel de fabrication !
On ne peut pas attribuer ce prix au coût de la recherche, non plus, puisque c'est la recherche publique, menée notamment par l'Agence Nationale de Recherche Scientifique (ANRS) sur le virus de l'hépatite C qui a largement contribué à la mise au point de ces nouvelles molécules.
Le laboratoire Gilead, lui, justifie cet écart astronomique en invoquant le coût du rachat de la molécule à la start-up qui l'avait fabriqué, au prix de11 milliards de dollars.
Face aux critiques unanimes, et dans un semblant « d'élan de solidarité », Gilead a signé un contrat avec cinq unités industrielles indiennes pour la production d’un générique destiné aux pays à revenu modéré. Malheureusement, le Maroc a été écarté de la liste des pays bénéficiaires, car il a été considéré comme ayant un niveau économique relativement confortable. Pourtant, en termes de PIB, il est classé par le FMI à la 57e place tandis que l’Egypte qui a bénéficié de cette opportunité, occupe la 27e position ! Cette initiative a eu pour conséquence la réduction du coût du traitement de 12 semaines en Inde et en Egypte à environ 700 euros.
Si rien n’est fait pour lutter contre de telles aberrations, demain on pourra disposer de traitements contre des maladies graves tels que le cancer et la maladie d’Alzheimer, mais la majorité des patients ne pourra pas en bénéficier. Ces produits seront inaccessibles à cause de leurs prix et seront ainsi réservés aux seuls nantis.
Pour éviter un tel scenario qui se profile de plus en plus à l’horizon, les états doivent exiger un juste prix auprès des laboratoires et doivent jouer leur rôle de régulateur auprès des industriels afin de faire baisser les prix et de garantir l’accès à ces nouvelles molécules pour les personnes malades. Ils doivent aussi créer des centrales d’achats interétatiques de manière à engager un bras de fer avec les firmes pharmaceutiques concernées.
Enfin, et au delà de l’éthique et de la morale, Sovaldi® soulève un questionnement sur le sens même qu’on veut donner au progrès. Aristote a dit : « le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous », et 2350 années plus tard, on est bien obligé d’admettre que ce n’est toujours pas le cas, et que les fruits du progrès demeurent aujourd’hui l’apanage d’une poignée de privilégiés.
Pour espérer un progrès plus juste et accessible à tous, nous devons mettre l’homme au devant de toutes nos préoccupations et actions, car chaque société a le progrès qu’elle mérite.
M. ZITOUNI IMOUNACHEN

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LABORATOIRE : Labo
COMPOSITION : 123
INDICATION (S) : ind
PRESENTATION : 232
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